La première huile est celle de la Chapelle, la seconde, celle du "bord de l’eau".
Je me souviens de la sensation que j’avais quand j’ai peint ces deux toiles. J’avais l’impression de toucher à quelque chose auquel je n’avais pas le droit de toucher. "La cour des grands", la "matière noble", le "sacré".
C’est une impression qui s’est ensuite estompée, tout en restant quand même un peu là, et qui a laissé la place à ma surprise sur le pouvoir couvrant de la matière. Jusqu’ici, les matériaux les plus couvrants que j’avais utilisés étaient la gouache quand on l’utilise dans sa pleine pâte. L’encre, le crayon, les écolines, la gouache et l’acrylique, sont plutôt des matériaux utilisés avec leur transparence. L’huile avait cette possibilité d’une totale opacité. Le contact avait quelque chose de plus serein, de moins précipiter que celui de l’encre, où certains mouvements ne peuvent, non seulement, être abandonnés, mais de plus exécutés dans un laps de temps parfois très court.
Ce que cela impliquait c’était :
- la possibilité de recouvrir du sombre avec du clair
- dans une certaine mesure, la possibilité du repentir.
- la possibilité de revenir sur sa composition en cas d’interruption.
Ce que je découvrais aussi, c’était que la peinture et le dessin étaient presque des arts totalement différenciés. Dans les matériaux, dans la vision, dans le support, la peinture et le dessin sont différents. On peut faire du dessin avec de la peinture, et peut-être même "peindre" en dessinant… mais je crois sincèrement qu’au-delà de leur rapport, peinture et dessin ont une réelle différence.
Les tableaux
Le premier tableau représente la chapelle d’Avigny. C’est fait de mémoire et elle est assez juste bien qu’un peu étroite. Le choix des couleurs me semble aujourd’hui quelque peu maladroit.
Le second tableau est une vue inventée, surement une référence (inconsciente) au tableau de Klimt qui est en couverture de L’Homme sans qualité. Si mes souvenirs sont bons, c’est un des rares tableaux où j’utilise un peu le couteau. Je crois que c’est ce tableau qui m’a incité à continuer d’essayer l’huile.