Durant un petit mois, j’ai dû ainsi faire deux à quatre toiles par jour. Beaucoup de déchet pour quelques réussites, mais l’important n’était pas de réussir des toiles, de faire de "beaux tableaux", mais d’essayer d’exprimer quelque chose, quelque chose qui bouillait en moi.

J’ai fait pas mal de visages à ce moment, et j’essayais de voir quelle limite il y avait entre une touche et un aplat, partant du principe qu’une grosse touche est un petit aplat, ou qu’un petit aplat est une grosse touche. C’est surement en peinture la recherche la plus récurrente que j’ai faite.

Torturé

Expression d’un mal-être : ce tableau représente ce que j’ai longtemps ressenti, une absence d’identité (stable).

Il y en a plus d’un dans le tas. Lorsque j’ai abandonné mon atelier à Saintes et que je me suis retrouvé dans ce 18m carré à Chemin vert, avec ce "mur de prison" comme unique vue, je me suis mis à déprimer. Je ne savais plus ce que j’étais ni ce que j’allais devenir. Et comme je l’ai dit ailleurs, je me suis mis à peindre, sans penser, en regardant ce qui sort, en étant spectateur de mon inconscient, de la pointe de l’iceberg qui en sortait dans mes peintures.

Je ne trouve pas ce tableau beau, ni même particulièrement bien exécuté, mais je le trouve significatif d’un sentiment qui se terre au fond de moi.

Torturé, ou plutôt désarticulé, n’ayant plus d’articulation, c’est-à-dire, dans ce cas, une perte du rapport entre la conscience de ce que l’on est et ce que l’on est. Une impression de pouvoir être n’importe qui, n’importe quoi, d’être tiraillé entre l’envie de vivre et celle de mourir, une torture, un masque de douleurs.